Dharavi, Govandi : les jolis slums de Bombay

Article : Dharavi, Govandi : les jolis slums de Bombay
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14 décembre 2014

Dharavi, Govandi : les jolis slums de Bombay

Shivaji Nagar, BombayEnviron 60% des habitants de Bombay vivent dans des slums. Il y en a partout dans la ville mais certains d’entre eux ont une personnalité assez spécifique. Présentation de deux d’entre eux : Dharavi et Shivaji Nagar – Govandi.

Il y a une multitude de slums – bidonvilles en anglais – à Bombay : des vrais, des faux, des laids, des beaux, des gros touffus, des p’tits joufflus (merci Pierre Perret). Il y en a des biens construits, des presque détruits, il y en a des très vieux et d’autres tout nouveaux, certains sont très pauvres et d’autres fourmillent d’activité.
Je vais vous parler de deux de ces slums qui ont chacun quelque chose de très spécial : Dharavi, la star des slums, le premier de la classe, et Govandi, tout pourri, qui pue grave mais qui a un petit quelque chose qui mérite qu’on s’y intéresse.

Dharavi est le bidonville le plus peuplé et le plus dense en Inde : entre 700 000 et 1 million d’habitants qui s’entassent sur 2.39 km². Placé dans le top 3 asiatique, il est devenu célèbre grâce au film Slumdog Millionaire. Idéalement situé au centre de Bombay, il est convoité par des centaines de promoteurs immobiliers aux doigts crochus qui veulent récupérer les terrains qui valent probablement plusieurs centaines de millions de dollars.
Mais ce n’est pas un slum comme les autres : les habitants sont reconnus pour leur dynamisme entrepreneurial, et les nombreuses initiatives positives qui ressortent de cet endroit en font un quartier qui a largement dépassé son statut de slum.

C’est d’ailleurs là-bas que le slum tourism est assez populaire, comme l’explique cet article publié précédemment sur mon blog.

Shivaji Nagar, Govandi by night

Je me souviens la première fois où j’y ai été. Je venais d’arriver en Inde deux jours avant, et j’y allais pour voir les gens avec qui j’allais travailler. Je m’attendais à me retrouver dans un coupe gorge miséreux et dégueulasse dans lequel j’allais être une cible facile, mais en réalité, je me suis retrouvé dans un endroit fourmillant de monde et d’activité, aux maisons faite de bric et de broc, mais pas délabrées et dans lequel ma présence n’inspirait rien de particulier aux habitants.

Shivaji-Nagar est un autre type de slum, très complexe, multiculturel et aux conditions assez difficiles. Situé dans le quartier de Govandi à l’est de la ville, Shivaji-Nagar est considéré comme un des bidonvilles les plus pauvres de Bombay, et dans lequel la vie est très dure. En effet, son emplacement près d’une décharge géante (et puante), la pauvreté extrême de certains habitants, la forte mortalité infantile, la présence des maladies les plus pourries du monde (cancer, sida, lèpre, maladies respiratoires en tout genre, …) et d’autres sales trucs peu enviables créent un environnement extrêmement nuisible.

Sa situation communautaire délicate (moitié hindous-moitié musulmans), son statut légal très particulier (vu par tous comme un slum mais n’en n’ayant pas le statut), mais aussi sa vitalité, son foisonnement, et le dynamisme de certains de ses habitants-entrepreneurs (deux salles de sport, dont une fondée par un type plus large que haut et avec les bras de la taille d’une bite d’amarrage) ainsi que des maîtres d’œuvre (des centaines de logements sont construits ou rénovés chaque année) sont autant de raisons de s’intéresser à ce bidonville dans lequel un grand nombre des questions sociales, politiques, sanitaires, communautaires, identitaires ou religieuses qu’on peut trouver dans la ville de Bombay se bousculent dans un chaos foutraque, foisonnant, plein de contradictions, mais tout de même fascinant.

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