Femmes, enfants, pandas : l’Inde ne sait pas quoi faire de ses habitants

Article : Femmes, enfants, pandas : l’Inde ne sait pas quoi faire de ses habitants
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17 novembre 2014

Femmes, enfants, pandas : l’Inde ne sait pas quoi faire de ses habitants

Flick/CC/Alan Wolf - Cgiarclimate - Itf
Flick/CC/Alan Wolf – Cgiarclimate – Itf

En Inde, les mesures prises pour gérer la surpopulation ou pour contrôler les naissances peuvent mener à des situations tragiques ou absurdes, surtout pour les femmes.

 

L’Inde explose démographiquement. Tous ses bébés vont lui trouer le ventre et déverser ses entrailles sur toute l’Asie du Sud. Pendant que les Chinois ont pris conscience de la nécessité de contrôler leur démographie (merci la dictature), les Indiens aujourd’hui sont super fiers de leur 1, 2 milliard d’habitants et de leur place programmée de n°1 mondial d’ici une quinzaine d’années.

Mais comment un pays qui est incapable de nourrir 40 % de sa population peut se réjouir de voir sa population augmenter de près de 20 millions de personnes chaque année ?

Le gouvernement n’est pas complètement inconscient de ce problème, c’est pourquoi quelques efforts de prévention ont été effectués, notamment par la mise en place de centres d’informations sur la contraception, d’une efficacité plus que variable et avec des résultats assez anarchiques.

 

Aujourd’hui, dans certains états de l’Inde, il y a entre 850 et 900 filles qui naissent pour 1 000 garçons. Même si le diagnostic prénatal (servant à déterminer le sexe de l’enfant) est interdit, de nombreuses familles y ont recours illégalement. Si c’est une fille, il risque d’y avoir avortement. En effet, les garçons sont considérés comme des soutiens forts pour la famille, alors que les filles sont uniquement des créatures inutiles dont il faut payer la dot.

Un proverbe indien dit d’ailleurs « élever une fille, c’est comme arroser le jardin d’un voisin ».

Le problème, c’est que dans quelques années, quelques millions de mâles en rut risquent d’aller dans le jardin du voisin pour voir s’il n’y a pas une jolie fille disponible qu’ils pourront prendre, de gré ou de force…

 

Récemment, un fait divers a secoué le Chhattisgarh, Etat du centre de l’Inde, à propos d’une stérilisation de masse ratée qui a conduit à la mort de 11 femmes et à l’hospitalisation d’une soixantaine d’autres. Ces stérilisations ne sont pas forcées, mais l’argent ou les cadeaux offerts ont tellement de valeur pour ces femmes, la plupart du temps très pauvres et/ou obéissant à leur famille, qu’il est très dur pour elle de refuser. Selon cet article de RFI, chaque année, environ 1 million de femmes subissent ce genre d’opération qui en plus, est exécutée dans des conditions d’hygiène déplorables.

femmes, naissances et préservatifs« Nous ne sommes pas des pandas »

 

Enfin, à Bombay, c’est le contraire qui se passe avec la petite communauté parsie. Les parsis sont une communauté religieuse qui a émigré de Perse au Xe siècle. Aujourd’hui, cette communauté est en danger à cause de sa faible natalité, du fait que la plupart des membres sont des vieux schnocks et qu’ils ne sont plus que 70 000 dans le pays.

Alors, le ministère des Minorités (comme dans les meilleurs films de science-fiction), s’est empressé de faire ce qu’il pouvait pour aider nos amis les parsis en finançant une grande opération pour sauver la communauté en incitant les membres à avoir un enfant, puis deux, puis plus… Les pubs qui ont été créées pour l’occasion disent que c’est cool pour les femmes d’avoir des enfants, que c’est super viril pour les hommes d’avoir la responsabilité d’une famille, qu’il faut baiser sans capote et que plus il y a de gosses, mieux c’est.

Ce qui a conduit certains membres de la communauté à affirmer, non sans humour : « Nous ne sommes pas des pandas ».

 Les problèmes ne sont pas les mêmes pour tout le monde, certains sont tragiques, d’autres plus triviaux, mais ce qui est sûr, c’est que les tentatives pour maîtriser les naissances mènent à des dérives humaines et morales qui peuvent être traumatisantes pour certaines communautés.

Et même si le dernier exemple peut nous faire marrer, c’est quand même un peu dérangeant de se dire que la vie sexuelle d’une communauté est observée, commentée et jugée de cette manière…

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